VENDREDI 20 JUILLET 2018
Une nouvelle certification est née, « relative aux compétences acquises dans l’exercice d’un mandat syndical ou de représentant du personnel ». En clair, vos missions syndicales vous permettent d’évoluer professionnellement… Il était temps !
Faire certifier vos compétences acquises sur le terrain, enrichir votre CV et prétendre, une fois votre détachement terminé, à de plus hautes responsabilités : cela vous est désormais possible.
« Lorsqu’on devient DS, on acquiert obligatoirement des compétences transversales nouvelles, explique Maxime Dumont, secrétaire confédéral en charge de la formation professionnelle. On pouvait ainsi passer plusieurs dizaines d’années à développer savoir et savoir-faire en sociologie, en négociation et psychologie de la négociation ou autres – ne serait-ce que dans l’étude des textes de loi, du Code du travail – et ces compétences n’étaient absolument pas valorisées ! Au bout du bout, on retournait sur son poste de travail et, généralement, on n’avait pas de promotion sociale dans les entreprises, ça se saurait ! Vous étiez soudeur-zingueur, vous repassiez soudeur-zingueur. » Les conséquences ? Un reclassement difficile dans l’entreprise, un sentiment d’injustice voire « d’être rétrogradé», avoue Maxime Dumont.
Des compétences reconnues par blocs et… à vie !
Pour obtenir la certification, vous devez, par le biais d’une VAE, décrocher six blocs de compétences :
encadrement et animation d’équipe ;
gestion et traitement de l’information ;
assistance dans la prise en charge de projet ;
mise en œuvre d’un service de médiation sociale ;
prospection et négociation commerciale ;
suivi de dossier social d’entreprise.
La seule condition pour se présenter aux examens est de justifier « l’exercice d’un mandat syndical ou de représentant du personnel au cours des cinq années précédentes, quelle qu’en soit la durée » (lire l’encadré ci-dessous). Quant à l’examen proprement dit, il comporte une partie écrite dans laquelle vous exposez les situations qui vous ont permis de mettre en œuvre les compétences visées – un court mémoire en somme – que vous soutenez à l’oral devant un jury dans un second temps.
« Lorsque que vous obtenez votre bloc de compétences, vous le gardez. Vous le décrochez pour de bon, alors qu’auparavant, c’était seulement pour une durée de cinq ans… C’est une avancée extraordinaire ! Cela signifie que vous êtes dégagé de toute pression, vous n’êtes plus pris par le temps, en vous disant qu’il faut valider le reste très vite sous peine de tout perdre, explique encore Maxime Dumont. Autre avancée notoire : il n’existe plus aujourd’hui de différenciation entre les droits à congé pour VAE entre titulaires de CDI et de CDD. Comme demandé par la CFTC, il est mis un terme au calcul prorata temporis (en fonction du temps passé, Ndlr). »
Pourquoi faut-il de réjouir de la publication de ces arrêtés ?
L’implication de la CFTC
Cette reconnaissance est le fruit de longs travaux portés par la CFTC – récapitulés dans l’étude Ires-CFTC intitulée Valosynd à paraître cet automne. « Cette réforme est à rattacher à celle plus globale de la formation professionnelle, déjà initiée par la loi Sapin en 1994 », détaille Maxime Dumont. Le CEP – conseil en évolution professionnelle – qui vient d’être mis en place va ainsi faciliter l’identification de compétences que nous n’avons pas forcément conscience de détenir. « La VAE structurée en blocs de compétences va permettre de décrocher un diplôme beaucoup plus rapidement. Si celui-ci comprend, par exemple, 6 blocs de compétences et que 3 d’entre eux, détectés par le CEP, peuvent être validés très vite, les 3 restants pourront être intégrés dans le CPF – le compte personnel de formation – du candidat. » Car, si les DS sont enfin reconnus dans le cadre général de la VAE, il en est de même pour les membres d’associations, les personnes pratiquant le volontariat (pompiers…), bref, tous ceux qui œuvrent à la solidarité nationale.
Ce procédé semblable à un « portefeuille de compétences » est inscrit au cœur du Statut du travailleur. C’est celui où« l’individu a le pouvoir d’opérer des choix de formation, afin d’évoluer tout au long de sa vie » conclut Maxime Dumont.
Maud Vaillant - Confédération CFTC