Identifié dans les années 1970, le syndrome de burn out est resté jusqu’aujourd’hui un phénomène non reconnu par la médecine officielle. Non défini scientifiquement et donc reconnu, il ne bénéficie d’aucune statistique officielle, donc d’aucune politique générale de prévention et de prise en charge, si ce n’est quelques initiatives nationales comme ce projet-pilote en Belgique. Bien qu’il s’agisse d’un phénomène largement répandu, il n’existait pas encore de définition uniforme ou internationalement valable du burnout.
Or cette situation connaît un tournant ce samedi 25 mai 2019, lors de l’assemblée mondiale de la santé (WHA72) qui se tient à Genève depuis lundi.
C’est en effet aujourd’hui qu’est soumis au vote la révision du classement international des maladies (ICD-11), qui donne pour la première fois le titre de maladie au burn out, sous le code QD85, avec la description suivante :
Burn-out is a syndrome conceptualized as resulting from chronic workplace stress that has not been successfully managed. It is characterized by three dimensions: 1) feelings of energy depletion or exhaustion; 2) increased mental distance from one’s job, or feelings of negativism or cynicism related to one’s job; and 3) reduced professional efficacy. Burn-out refers specifically to phenomena in the occupational context and should not be applied to describe experiences in other areas of life. Exclusions : adjustment disorder, disorders specifically associated with stress, anxiety or fear-related disorders, mood disorders.
Traduction ‘Au temps pour toi’ :
« Le burn out est un syndrome conceptualisé comme résultant d’un stress professionnel chronique qui n’a pas été géré correctement. Il est caractérisé par trois dimensions : 1) des sentiments de perte ou d’épuisement; 2) une distance mentale accrue avec le travail, ou des sentiments de négativité ou de cynisme liés au travail; et 3) une diminution de l’efficacité professionnelle. Le burn out réfère spécifiquement au phénomène dans le contexte occupationnel et ne devrait pas être appliqué pour décrire des expériences dans d’autres domaines de la vie.
Sont exclus de cette référence les troubles de l’adaptation, les troubles spécifiquement associés au stress, les troubles de la peur ou l’anxiété, et les troubles de l’humeur. »
Le 13 mai dernier encore, sur France Inter la Ministre du travail Muriel Pénicaud, interrogée sur les suicides à France Télécom et le syndrome d’épuisement professionnel (burn-out) a répondu que « ces sujets là sont des sujets internationaux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit très fermement après étude que ce n’était pas une maladie professionnelle. »
Même s’il ne rentre en application qu’en 2022, le vote d’aujourd’hui vient donc à présent changer la donne, et ouvrir la voie de la reconnaissance au niveau national, sur base de cette étape internationale. Il faut ici préciser que si le burn out peut donc désormais être nommé« maladie », il n’est pas certain qu’il soit rapidement répertorié comme « maladie professionnelle ».
Le tableau des maladies professionnelles, établi au niveau national, définit les maladies qui peuvent être reconnues comme d’origine professionnelle de façon automatique (par exemple les maux dûs à l’amiante pour un ouvrier du bâtiment). Pour les maladies qui n’y sont pas reprises, il existe la possibilité d’en demander la reconnaissance devant des comités régionaux (CRRMP).
Mais la question reste ouverte : le burn out doit-il être reconnu comme maladie d’office professionnelle? Que faire alors des burn out parentaux, des personnes qui vivent un burn out suite à des difficultés familiales alors que leur environnement de travail n’a pas évolué, …?
Peut-être la question est-elle mal posée?
Par Jean-Baptiste van den Hove, directeur de ‘Au temps pour to