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Un peu d'histoire: il se souvient de l'enthousiasme des salariés,....création des îlots caisses....

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Les souvenirs du premier directeur d’Auchan Roncq

Philippe Duprez fut premier directeur du magasin Auchan Roncq, ouvert il y a cinquante ans. PHOTO hubert van maele
Philippe Duprez fut premier directeur du magasin Auchan Roncq, ouvert il y a cinquante ans. PHOTO hubert van maele
                

                    Le premier patron                                    

Philippe Duprez était patron d’une entreprise textile à Tourcoing. Rien ne le prédestinait au commerce, mais il avait connu un certain Gérard Mulliez chez les Scouts et partageait leurs séjours au ski. «                      Un jour, il me proposa de prendre la tête d’Auchan Roncq. J’ai eu beaucoup de difficultés à accepter car ce n’était pas le même métier et j’avais l’impression d’abandonner ceux de mon entreprise. Mais finalement, j’ai tenté l’aventure !                     » Philippe Duprez est embauché en août 1966. Il est formé pendant six ou sept mois à Auchan Roubaix.

En 1967, il coordonne les travaux. «                      C’était un pari, on voulait réussir car nos associés textile ne comprenaient pas pourquoi on s’intéressait à la distribution. C’était une aventure formidable mais j’avais eu la chance de recueillir le témoignage de Gérard Mulliez qui revenait des États-Unis. Il était sûr que c’était ce qu’il fallait faire.                     »

Le premier jour                                    

Philippe Duprez recrute ceux qui feront vivre Auchan. «                      Avec le début de la crise du textile, nous avons pu facilement recruter du personnel souple, habitué au travail, qui s’adapta très vite à leur nouveau métier bien différent.                     » Commencé en janvier 1967, l’hypermarché ouvre ses portes en août 1967. «                      Et là, on ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de monde. Cela a été de la folie.                     »

Ce jour-là, Maurice Schuman, ministre, lui remet le… permis de construire. Vu l’engouement, Philippe Duprez et Gérard Mulliez décident d’agrandir le magasin. Et Auchan Roncq ne séduit pas que les consommateurs. «                      Nous avons été reçus par le maire communiste de Roncq, Alphonse Lœul. Il a ouvert le champagne en disant : «C’est bien la première fois que des communistes saluent les intérêts capitalistes !                     » Dans les années qui suivent, des cars sont affrétés de Belgique ou de certains quartiers de Tourcoing pour venir jusque Auchan Roncq, temple de la modernité.

                    Les premières hostilités                                    

Mais l’ouverture d’Auchan Roncq ne plaît pas à tout le monde. «                      Certains fournisseurs ne voulaient plus nous livrer considérant que l’on cassait trop les prix au préjudice des détaillants. J’ai assisté impuissant devant certains fournisseurs qui, tous les matins, avec leur équipe et dès l’ouverture du magasin, venaient vider les rayons de leur marchandise, payer aux caisses, et empêcher nos clients de les acheter.                     »

Philippe Duprez raconte même que certains garagistes refusent de venir en aide à certains automobilistes en panne. «                      Ils demandaient d’abord où ils avaient pris leur essence. S’ils répondaient Auchan, le garagiste disait «la panne c’est normal, ils coupent l’essence avec de l’eau !»                                           » Enfin, il y a les clous de tapissier sur le parking pour crever les pneus sur le parking. Une légende raconte même que Gérard Mulliez les ramassait pour les remettre en rayons.

                    Les premières menaces                                    

Philippe Duprez s’en souviendra toujours, c’était un samedi, il était 15 h 40. « Ma secrétaire a reçu un coup de téléphone pour lui dire que le magasin sauterait à 17 heures ! » Le directeur appelle le commissaire qui ne se démonte pas. «                      Il m’a dit : il faut tenir car si vous fermez ce samedi, vous fermerez tous les autres samedis.                     » Un plan d’évacuation est tout de même mis en place mais les clients ne sont au courant de rien. «                      Le stress était affreux.                      À 16 h 55, le commissaire m’a dit : «Il faut descendre dans le magasin» et une fois dans les rayons, il m’a répété : «Si vous sautez, je saute aussi».                     »

Et personne n’a sauté mais cette alerte à la bombe se répétera à maintes reprises. Philippe Duprez recevra même des menaces de mort, des cercueils… jusqu’à une demande de rançon. «                      On nous a annoncé que les yaourts allaient être empoisonnés si on ne payait pas. Ils nous ont dit la somme et demandé de la déposer dans des boîtes en carton à certaines caisses.                     » Là, des pandores remplacent les caissières. «                      Le problème, c’est qu’ils avaient encore la marque de leurs képis sur le front…                      », rigole Philippe Duprez. Est-ce cela qui a fait fuir les maîtres chanteurs ? Ils ne sont pas venus… «                      J’ai même reçu des cercueils par courrier.                      On n’a jamais su si ces hostilités venaient des petits commerçants mécontents ou des poujadistes qui étaient à la mode à cette époque.                     »

Les premières caissières                                    

Avec leur blouse et leur énorme caisse, elles ont été les pionnières de la grande distribution. «                      Elles représentaient quand même 20 % du personnel. Au début, on ne leur a prêté forcément beaucoup d’attention. Mais nous nous sommes vite rendu compte qu’elles avaient une influence prépondérante sur le commerce. Parce que c’était à elles que les clients signalaient ce qui n’allait pas.                     »

Autant hypermarché que magasin du quartier des Orions, ces caissières fidélisent les clients. «                      Il fallait absolument valoriser leur travail et leur permettre de concilier travail et vie de famille.                     » Philippe Duprez imagine une organisation « par îlot ». «                      Ainsi, elles s’organisaient entre elles en fonction des moments de pointe.                     »

La première ménagerie                                    

C’est le souvenir de beaucoup de clients. À l’ouverture, une ménagerie est installée (à la place de l’actuel Flunch). «                      C’était autant un zoo qu’une ménagerie. C’était pour vendre et pour amuser les enfants. Mais cela nous a donné tellement de soucis. Il y avait même un petit lion qui, malheureusement, n’a rien trouvé de mieux que de s’étouffer en mangeant sa couverture.                     »

Mais il y avait surtout un singe… très malin. Phlippe Duprez en rit encore. «                      Une nuit évidemment entre samedi et dimanche, ce singe a réussi à ouvrir sa cage, mais il a également réussi à ouvrir les autres cages.                     » Résultat : oiseaux, serpents, lapins s’éparpillent dans les rayons. «                      On a dû rattraper tout le monde. Quelle histoire ! Mais quand on a fait l’inventaire, il nous manquait deux serpents ! Et six mois après, en plongeant dans un bac textile, une cliente en a ressorti un serpent. Ah, quelle histoire ! Elle s’est mise à hurler. On l’a réconfortée et on lui a payé son caddie.                     » Finalement, la ménagerie est fermée quelque temps plus tard. «                      C’était pas très hygiénique, ça sentait l’urine, il valait mieux arrêter !                     »

Les premières bananes                                    

Dans les premiers mois de l’ouverture, les dirigeants d’Auchan Roncq ont une idée : ne pas passer par des intermédiaires pour le commerce de bananes. Résultat, ils font venir un wagon entier de bananes… jusqu’au parking d’Auchan Roncq. «                      C’était la folie. Une montagne de bananes ! Quelle folie. Nous avons tenu six mois et ensuite on a arrêté.                     »

«Le centre-ville n’a pas su s’adapter»

Philippe Duprez est Tourquennois et fier d’être Tourquennois. Accusé par les petits commerçants lors de l’ouverture de l’hypermarché de vouloir les couler, il a quand même assisté au déclin du petit commerce à Tourcoing et à la bonne santé du commerce roncquois.

«                      Petit à petit avec l’arrêt des filatures, l’augmentation des charges, du chauffage, des frais de personnel... les grands bourgeois ont quitté Tourcoing pour acheter un lopin de terre à Roncq, Bondues, Mouvaux... Toutes les maisons bourgeoises ont été rachetées par des organismes ou administrations et assez vite, il n’y a plus eu de gens avec du pouvoir d’achat pour acheter.                

Et puis il n’a jamais été simple de circuler à Tourcoing. On était dans une nasse, on sait entrer mais pas sortir. Et les commerçants tourquennois étaient très conservateurs. Une fois, j’ai voulu faire réparer ma montre, je suis arrivéà 12 h 05, c’était fermé. Fermé au moment où les gens sont en pause-déjeuner. Tourcoing a donc perdu sa «bonne clientèle». Or il y avait des poissonneries, des grandes boulangeries...                

Alors on a vu des gens arriver à Auchan Roncq où ils avaient tout sous le même toit. Pourtant j’ai essayé d’inciter les commerçants tourquennois à s’adapter, mais ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord. C’est un vrai regret pour moi qui suis Tourquennois. Les commerçants auraient pu profiter de l’attractivité qu’a créée Auchan Roncq. Cela n’a pas marché alors qu’à Roncq, cela a été une vraie réussite.                     »


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